Saturday, June 02, 2012

«The Queen and I» par Stéphane Bern

LE FIGARO: Du 3 au 5 juin, la reine Elizabeth II célèbre les soixante ans de son règne, notamment par un défilé naval sur la Tamise retransmis dimanche après-midi sur France 2 *. Présente sur les billets de banque et sur les timbres, reine de 16 États, chef du Commonwealth, qui réunit pas moins de 54 pays, défenseur de la foi anglicane, source des honneurs, Elizabeth II est aussi l'inconnue la plus célèbre du monde. Quarantième successeur de Guillaume le Conquérant, elle n'a jamais accordé d'interview, mais tous ceux qui l'approchent restent fascinés. Stéphane Bern nous brosse son portrait.

Un tiers des Britanniques confessent avoir un jour fait ce rêve surprenant: la reine sonne à leur porte et ils lui ouvrent alors qu'ils sont nus ou en pyjama! Les psychanalystes auraient du grain à moudre après un tel aveu, tant il est vrai que Sa Très Gracieuse Majesté exerce sur tous une fascination sans égale, car elle est une figure maternelle, l'incarnation vivante de la nation britannique et de ses vertus. C'est dire si la rencontrer constitue un événement à tous égards remarquable.

Je me souviens avoir été convié une première fois au début des années 90 dans le parc de Windsor à un match de polo que disputait le prince de Galles. Le très distingué Richard Dunhill, héritier d'une longue dynastie de fournisseurs de la Cour en tabac, m'avait aimablement invité à «prendre le thé avec la reine». L'exercice consiste à déguster une tasse de Earl Grey trop infusé dans une tasse de porcelaine bone china à l'intérieur de l'enclos royal - royal enclosure devrait plutôt se traduire par périmètre royal - où, à tour de rôle, nous fûmes présentés à la souveraine qui, comble de la décontraction, ne portait pas de chapeau assorti à son manteau bleu en ce jour de compétitions sportives. Lorsque vous lui êtes présenté et que vous inclinez respectueusement le buste devant celle qui règne - mais ne gouverne pas - sur 2 milliards de loyaux sujets à travers le Commonwealth, vous êtes pris d'un vertige, fort naturel au demeurant, devant celle qui est tout à la fois un monument national, un symbole d'histoire millénaire, un mythe vivant et une légende. » | Par Stéphane Bern | vendredi 01 juin 2012